Horst A. Schmid

Extrait du magazine « IHK Magazin München », juillet 2010 – Sabine Hölper

Si Horst Schmid était un personnage de roman, les critiques littéraires reprocheraient à l’auteur d’avoir exagéré. En effet, comment quelqu’un d’extérieur peut-il concevoir tout ce que Schmid a vécu au Canada ? Même sa mère avait parfois du mal à croire ce qu’il lui racontait de sa vie canadienne. „Tu es fou“, lui a-t-elle rétorqué une fois. C’est seulement quelques jours plus tard, en lisant dans les journaux ce qu’elle croyait une invention, qu’elle accepta la vérité : Horst Schmid avait été nommé ministre de la culture de la province de l’Alberta. Ainsi le munichois de naissance était-il devenu le premier immigrant depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale à entrer au cabinet d’un gouvernement canadien.

Schmid lui-même était sceptique au départ. Comment pouvait-il, lui l’Allemand, conquérir les votes des Canadiens ? Il décida alors de poser la question aux citoyens. „Si 100 personnes me disent que je ferais mieux de retourner d’où je viens, alors je retire ma candidature“, se jura-t-il – et il alla se présenter de porte en porte. Il sonna à 5,746 maisons. Et jamais personne ne lui dit de rentrer chez lui.
C’était un immense succès, mais certainement pas le seul de sa vie. Une fois entré en politique, les années suivantes le virent devenir ministre de l’intérieur, ministre du développement économique et du commerce international, ministre du tourisme. À chacun de ces postes le succès fut au rendez-vous : il fit construire des théâtres, créa des programmes d’aide internationaux, inscrivit la protection du patrimoine dans la loi, créa un jour férié et fit partie des décideurs qui pesèrent pour que les Jeux olympiques de 1988 se déroulent à Calgary. Il attira des investisseurs étrangers en Alberta et y lança l’industrie touristique. Schmid était si actif et inventif qu’il fut couvert d’honneurs et de décorations. Pour n’en citer que quelques uns, il fut récipiendaire de l’Ordre bavarois (bayerischer Verdienstorden), de la Grande Croix fédérale (Bundesverdienstkreuz), d’un doctorat honoris causa de l’Université de l’Alberta, et il obtint une place dans „The Albertans“ – une publication qui honore „100 Albertains qui ont changé la province“.

Entrer en politique ne faisait pas partie des objectifs de Schmid lorsqu’il émigra au Canada en 1952, tout juste âgé de 19 ans, et ne parlant pas un mot d’anglais, afin de trouver un emploi dans les mines à Yellowknife. Sa passion était la musique, et son souhait celui du succès économique. Et il ne fit rien d’autre que suivre ces deux penchants : une fois qu’il eut appris à parler l’anglais correctement, il anima en tant que Canadien d’adoption une émission de radio, fit du théâtre, suivit des cours en gestion d’entreprise et affaires financières, vendit des assurances, importa des appareils de radio portatifs d’Allemagne, devint finalement directeur et actionnaire d’une compagnie d’exportation, et ouvrit une version albertaine du „Hofbräuhaus“ munichois.
Il existe des photos qui montrent Schmid en culotte de cuir en train d’effectuer les danses traditionnelles bavaroises. À côté de celles-ci, il en existe d’autres où Schmid porte la coiffe d’“Aigle volant“. Le natif de Munich a été promu au rang de chef honoraire des Crees en remerciement de son implication infatigable à leur endroit.

Schmid se sent chez lui au sein de beaucoup de cultures différentes. À la question de savoir où se trouve sa patrie, il répond en anglais avec le plus bel accent bavarois : „Dahoam is dahoam, and home is here“. Schmid aime le Canada et il aime la Bavière. Et il a réussi à unifier ces deux mondes de façon merveilleusement malicieuse.
Lorsqu’il s’attela, en compagnie de son ami John Whalley (qui avait représenté le Canada lors des négociations de paix entre les deux Corée), à la création d’un drapeau national pour l’Alberta, Schmid imposa qu’aux côtés du pronghorn canadien (une sorte d’antilope) soit aussi immortalisé le lion bavarois.

À 74 ans, Horst Schmid pourrait se retirer de la vie active et traverser les Rocheuses dans un motorisé. Mais il s’y oppose énergiquement, il a encore du pain sur la planche : il a fondé en 1995 l’entreprise „Flying Eagle Resources“, qu’il dirige encore aujourd’hui, et siège en outre au conseil d’administration de „Calstar Oil & Gas“ et de „Deep Well Oil & Gas“.